Annexe 6

 

Manifestation Internationale, contre Sommet de l’OTAN
Témoignage d’un militant de Solidaires
Dans le Calvados à I'initiative du comité, une montée en car est organisée pour participer à la Manifestation Internationale du 4 avril à Strasbourg contre les politiques militaires et nucléaires agressives de l’OTAN. Près de 15000 tracts ont été distribués principalement sur l'agglomération cannaise à l’appel de 18 organisations au sein du comité contre la guerre : ANPAG, ADECR, ATTAC14, CGT CHS, Collectif Droits des Femmes 14, Comité Amérique Latine, FSE. FSU, Ligue des Droits de l'Homme, Mouvement de la Paix, MJCF, MRC, NPA, PCF, PS, Union syndicale Solidaires Basse Normandie, Terre des Hommes, les Verts.

C’est lors des dix derniers jours, que de nombreux militants se sont inscrits et nous avons dépassé nos espérances avec 70 participants, notre organisation y participant modestement avec un camarade de Sud Travail Affaires Sociales, une camarade de Sud Retraités et une camarade de Sud Santé. Nous avons dû louer dans l'urgence 2 minibus en plus du car de 57 places.

Le voyage de nuit dura environ 10 heures. A l’approche de Strasbourg nous croisâmes près d’une trentaine de camionnettes de police allant dans le sens inverse, puis entrâmes dans la ville en suivant les déviations. 3 drapeaux pour la paix accrochés aux fenêtres nous réchauffèrent Le coeur. Des ribambelles de camionnettes de police groupées par 6 font des allers et retours, et des escadrons de police stationnent sur tous les ponts, le long du canal.... - Nous étions un peu éprouvés par cette présence massive des forces de police casquées, tout le long du trajet, sur les ponts de la ville. Nous rappelâmes les dernières consignes, les numéros de téléphone de la Légal Team Strasbourg et de la Médical Team Strasbourg pour parer aux difficultés juridiques et médicales auxquelles nous pourrions être confrontées.

Nous eûmes des difficultés à rejoindre à pied le lieu de manifestation à cause des barrages de polices. - Déjà, on entend au loin des tirs de grenade offensive et de lacrymogène qui nous irritent le nez et les yeux en traversant le pont. Trois hélicoptères survolent en permanence les lieux avec un vacarme quelque peu pénible. Une partie des manifestants allemands ne peuvent venir nous rejoindre paraît-il. Puis nous arrivons au lieu de départ où est installé un podium. Une foule dense et imposante entre sur le terrain, beaucoup porte un foulard noir, certains portent des cagoules, et sont de noir vêtus.

Des stands sont improvisés où sont présentés des pétitions anti-guerres, des revues, pins, autocollants. Des tracts écrits en plusieurs langues sont distribués. Une banderole grecque fait impression de part sa calligraphie et sa confection. Les manifestants kurdes arborent des drapeaux au portrait d'Ocalan. Des pancartes de soutien aux palestiniens, le mouvement pour la paix avec des militants déguisés en missiles, les clowns portant en dérision les représentations militaires.... Une ambiance de kermesse s'installe dans une fraternité palpable.

Des représentants du peuple sont présents ainsi que diverses personnalités internationales et les discours se succèdent à la tribune en trois langues, allemand, anglais, français, quelque peu gênés par le bruit des hélicoptères qui volent à basse altitude. -

Les événements se dégradèrent la plupart des manifestants ne pouvant accéder au lieu du départ. - Des incidents se déroulent derrière les bois et des grenades lacrymogènes tombent sur le terrain, entraînant le départ quelque peu improvisé de la manifestation. Des fumées noires s’élèvent dans le ciel et des flammes apparaissent dans les bois. La manifestation s’ébranla dense et tassée en un long cortège croisant les forces de l’ordre stationnées sur le bord de la route. - Nous trouvâmes le cortège de Solidaires avec sa banderole et nous nous y joignîmes.

La manifestation fut bloquée par un barrage de police sur le pont et après négociation avec la police, redirigée vers le lieu où de sombres fumées noires s’échappaient, puis bloquée à nouveau vingt minutes plus tard par-devant et par derrière. - On nous apprend qu’un hôtel ainsi qu’une pharmacie ont été détruits par le feu. La manifestation dénonce les casses qui ont été opérées dans ce quartier pauvre de Strasbourg et appelle à la raison les éléments incontrôlés qui ont été, semble-t-il, la cause indirecte de ces destructions. Les gens du quartier nous soutiennent mais ne veulent pas que soit détruit le peu d’aménagement qu’ils possèdent.

Des barricades sont installées (heureusement, le feu n’y sera pas mis), des jets de pierre ont lieu. Les grenades lacrymogènes sont lancées. Des tirs tendus auront lieux. Les CRS laissent passer des personnes dans la rue adjacente..., on va «jouer au chat et à la souris » encore pendant plusieurs heures, alternant gaz, jet d’eau en fin de manif, blocage, faux déblocage..., manifestation coupée en deux ou trois ou plus.... - Nous étions près de 30 000 personnes sur les rives du canal quelque peu ébouriffées par le traitement que nous a réservé la police mais déterminées dans nos convictions anti-guerre.

La violence ne résout rien, elle désole les habitants du quartier, qui se trouvent ainsi lésés de constructions qu’il faudra reconstruire, elle cause des blessures qu’il faut soigner et des arrestations, mises en examen de personnes qu’il faut à présent défendre.

Malgré tous les efforts de la police pour empêcher le déroulement normal de la manifestation, celle-ci a eu lieu, peut-être pas avec tous ses participants qui étaient empêchés d’accéder au lieu de la manifestation, mais elle a eu lieu et fera date, l’entrée de la France dans l'Otan dénoncée, la dissolution de l’Otan remise à l’ordre du jour, et le retrait des troupes et des dépenses militaires réaffirmés. C’est à l’ONU de gérer les conflits internationaux, non à une alliance militaire occidentale aux intérêts capitalistes obscurs dont la raison d’être a disparu avec la dissolution du pacte de Varsovie.

Les 70 militants que nous étions sont rentrés sains et saufs.

 

 

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